Je suis la princesse Kundidja
La lumière du soleil de ma mère m’a longtemps retenue prisonnière dans sa tour
d’amour
Je suis la princesse Kundidja
Le prince Ali a traversé les mers et les montagnes pour me rencontrer, rendu fou d’amour par la beauté de mes portraits Tous
les hommes du pays ont été envahis
par l’image de moi
renvoyée dans leurs rêves
par le feu de ma mère
Je suis la princesse Kundidja
Le prince Ali a frappé à ma porte et je lui ai
ouvert
Les insectes de son cœur
papillons de mémoire
éclaboussures d’ailes
ont jailli sur moi
l’essaim bourdonnant, battement de son cœur, souffle-soleil m’a Emplie
Je suis la princesse Kundidja
Le prince Ali a frappé à ma porte et je lui ai
ouvert
Pour me protéger des brûlures de ma mère j’ai caché mon cœur à son cœur de mère,
mon amour à son amour
mais il n’était plus
Les barreaux avaient cédé et j’ai suivi
la voie
ouverte devant moi
Mon amour Prince Ali le ruban de tes cheveux
et de ta peau quand je m’approche
Le ruban merveilleux bruissant de vie sur ma peau
je le porterai
toujours
Amour de ma vie nous nous sommes Enfuis
Le soleil a brûlé nos peaux et la poussière a sali nos bouches
pendant les jours pendant les nuits de notre course
Mais la liberté mon cœur
la liberté au goût d’amande
au goût de miel
miel d’amande versé au fond du cœur
Amour de ma vie dans mon dos j’entendais Toujours
les cris de ma mère
Je revoyais ses ongles et ses
longs cheveux
Au bout des champs soudain un champ de roses
entrelacées d’épines Magnifique à mes yeux
moi qui suis épines et Rose
j’ai pris les roses et les épines
ensemble
compagnes de ma course
Au bout des champs soudain
un fleuve
Amour de ma vie Prince Ali, je sais que tu as eu peur de ses eaux fracassantes
mais l’amour que je te porte est un fleuve qui serpente en moi
Je sens la violence de ses eaux Je sens
la profondeur de sa violence
Je laisse le fleuve couler en moi
Et je m’y abandonne
Nous avons atteint la rive
et j’ai vu ma mère
hurlante et terrifiante
d’amour et de douleur
J’ai vu ma mère sauter suivant son cœur
sans une fraction de peur
devant les eaux profondes
Ses ongles l’empêchaient de nager
ses cheveux se prenaient dans les algues
sa bouche, les pierres du fond
L’eau immense le fleuve d’amour
la recouvrit et elle
disparut
Ma mère, en me retenant prisonnière,
tu m’as rendue plus libre qu’un papillon flottant
doucement dans le vent
Car la liberté a maintenant pour moi un goût si pur…
larme de sucre ardent qui brûle en moi pour toujours
Prince Ali nos routes vagabondes, notre course
et notre fatigue ont fait de nous
des coupes l’un pour l’autre
Coupe d’eau fraîche où tu peux boire Coupe d’eau fraîche où je peux boire
dans la tourmente du vent sec et la poussière ardente
je viens boire dans la coupe
offerte de tes mains